De pseudo-rebelles portent un drapeau blanc orné de la Colombe de la Paix
Verra-t-on un jour des rebelles de tout poil se battre pour imposer la paix, comme dans cette image générée par l'intelligence artificielle? On peut toujours rêver.
13 décembre 2024
Temps de lecture 4 mins.

Un plein de sens, et vite ! 

Voici donc venu le joli temps des souhaits et des fêtes de famille  – du moins, pour ceux qui ont un foyer et la chance de vivre en paix; des souhaits de paix et de vie pour ceux que la chance ignore, qu’ils soient à Gaza, au Liban, au Yémen, en Ukraine, au Soudan… Avouons-le, il est délicat de parler de fête quand ça sent le sapin pour la démocratie et que, d’une année à l’autre, les perspectives qui s’ouvrent à la planète et à ses habitants semblent… bof. Alors, et c’est bien naturel dans cette ambiance de sinistrose, on se raccroche à tout ce qui peut paraître positif, de près ou de loin. 

On exulte bien sûr avec les Syriens de la fin des horreurs de la dictature et de son effondrement en quelques jours, suivi de la fuite, la queue entre les jambes, du boucher Bachar Al- Assad. Réfugié à Moscou avec des milliards de dollars de ses ventes de drogue, il pourra échanger avec Vladimir Poutine sur les meilleures techniques pour briser, tuer toute velléité démocratique. Ces deux-là sont de vrais pros du crime de guerre et du carnage, avec chacun un passif de plus d’un million de victimes, Syriens, Ukrainiens et Russes. Pendant ce temps, le monde se demande si les Syriens de toutes confessions pourront jouir durablement de leur liberté retrouvée, malgré les assurances du leader des islamistes HTS. Il n’a pas fallu longtemps pour que les Talibans afghans mangent leur parole.

Mais on reste positif, la patience et la persévérance peuvent obtenir des résultats, même après des années. La preuve, le récent jugement en faveur des enfants métis congolais enlevés à leur famille avant l’indépendance. Il est historique et consacre la réelle indépendance de la Justice belge et, au-delà, une prise de conscience – tardive – face à ce qui reste un épisode  honteusement raciste de la période coloniale. Ces enlèvements d’enfants sont désormais qualifiés de crime contre l’Humanité. Une plume de plus au chapeau de notre consœur Colette Braeckman, qui a suivi et soutenu depuis des années la lutte des plaignantes contre l’Etat belge avant ce jugement final plutôt rassurant quant à la santé de la Justice. 

Les journalistes pas rassurés – et il ne sont pas les seuls

“Plutôt rassurant”… ouais. Car la  citation célèbre de Michel Audiard revient vite en tête, insistante: La justice, c’est comme la Sainte-Vierge, si on la voit pas de temps en temps, le doute s’installe.

Les journalistes belges, jusqu’ici plutôt bien protégés par notre Constitution, craignent d’avoir bientôt leurs raisons de douter. Non, ce n’est pas l’Algérie, ils ne doivent pas redouter l’arrestation comme Boualem Sansal. Mais, alors que les tribunaux sont saisis de multiples demandes de censure de publication visant des médias et des journalistes (avec des jugements en sens divers), Martine Simonis, juriste de l’Association des Journalistes Professionnels, met en garde contre une brèche possible dans ce rempart de la liberté de la presse qu’est l’article 25 de la Constitution belge (*). 

Il ne faut pas l’oublier: ce combat est permanent et ne concerne pas seulement les journalistes ou les lanceurs d’alerte. Notre liberté, de réunion, d’expression, de pensée, de mouvement et d’action, bref, la liberté tout court est le bien le plus précieux de tous. Malheureusement, c’est le plus fragile, celui qu’on tente sans cesse d’attaquer, de grignoter, d’affaiblir, de contourner, d’étouffer, par la menace – ouverte ou voilée -, la corruption, l’endormissement, la manipulation algorithmique via des réseaux sociaux capables de changer l’issue d’élections. Nous subissons déjà tout cela à la fois, ça crève les yeux. Et les oreilles, du moins celles qui veulent bien entendre l’ex-juge Claise: si on n’y prend garde, notre pays déjà gentiment corrompu pourrait tomber sous la coupe des narcotrafiquants. Joyeuse perspective. 

Mais quoi? La nature a horreur du vide, dit-on. Il ne peut durer, ce vide abyssal dans lequel semblent se complaire des démocraties en perte de sens, comme des lemmings au bord d’une falaise. Alors, refaire le plein de sens, ouvrir les yeux des citoyens à tous niveaux, sera la meilleure façon de leur rendre espoir en l’avenir. C’est peu dire qu’il y a urgence. S.P. 

L’A.R.P.N.S. vous souhaite une belle année 2025 de paix et de réalisations positives.

(*) art. 25:  La presse est libre; la censure ne pourra jamais être établie; il ne peut être exigé de cautionnement des écrivains, éditeurs ou imprimeurs. Lorsque l’auteur est connu et domicilié en Belgique, l’éditeur, l’imprimeur ou le distributeur ne peut être poursuivi.

Dans le dernier bulletin de l’AJP, la juriste Martine Simonis souligne que la présidente ff. du Tribunal de l’Entreprise de Bruxelles n’a pas jugé irrecevable une demande d’un huissier de justice visant à supprimer toute référence à son entreprise dans une émission de la RTBF, non encore diffusée. Et cela, sur base de dispositions du Code de droit économique, résultat de la transposition de directives européennes qui s’imposent en droit belge et sont supérieures à la Constitution. Elle tire la sonnette d’alarme: “Cette voie d’action, tirée de l’activation de dispositions à l’origine prévues pour régler des relations entre entreprises commerciales, est donc non seulement possible mais permet même de bypasser les balises que la Constitution belge a posées en matière d’interdiction de censure préventive. Il va falloir fermer cette porte grande ouverte à de très nombreuses interdictions de publications…”

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