Dans l’actualité cinéma Nord/Sud, s’impose «AYA», le film de Simon Coulibaly Gillard, ancien étudiant à l’INSAS, qui a passé 9 mois en Côte d’Ivoire à mettre en forme la réalité, expression chère à Patrick Leboutte pour définir le documentaire. Je vous conseille vivement de voir ce film où le réel s’élabore comme une fiction.
Aya vit avec sa mère et son petit frère sur une île qui disparaît petit à petit suite à la montée des eaux due au réchauffement climatique. La population décide de déménager les maisons de bois et feuilles de palmier pour trouver un lieu habitable. Mais Aya veut rester sur son île qui est toute sa jeunesse et sa vie. Son paradis voué à la disparition, elle finira par aller à Abidjan où la jeune fille Aya devient une jeune femme mais son regard vers la mer cristallisera son univers.
La photographie de Simon est superbe dans une captation des lumières naturelles de jour comme de crépuscule, comme de nuit. Le cadre est toujours adapté à la situation, en osmose avec les personnages et l’île.
Ce film, qui a coûté 300.000 euros, aurait pu en coûter plusieurs millions mais le choix de la petite équipe, intégrée à la famille et aux habitants de l’Ile, a été la condition d’une intégration d’une caméra et d’un son en opposition aux équipes qui s’imposent avec leur argent et leur mainmise sur la population autochtone. Ce premier long métrage de Simon est un film riche en poésie que je vous invite à voir pour partager des moments de grande humanité. Michel Baudour